Elle revint de la forêt, guillerette, et le sourire aux lèvres, les yeux brillants. Elle ramenait de son excursion un tas de bois mort qu'elle laissa tomber à une dizaine de mètres du bord de l'eau, dans une saillie naturelle du sol qui empêcherait les flammes de se propager jusqu'à l'incontrôlable dans le cas où le vent se lèverait.
Puis, sifflotant un air martial, Anyasha alla se poster à deux pas de l'eau, et tira de sa poche l'étoile effilée d'un shuriken... puis attendit, avec une fixité et une patience de prédateur. Le reflet du soleil sur l'eau la forçait à cligner régulièrement des yeux, mais hormis cela, elle demeura parfaitement immobile. Jusqu'à ce qu'un poisson daigne enfin sauter hors de l'eau pour gober une libellule. La jeune fille détendit immédiatement son bras dans un geste fulgurant et précis, et le poisson, fauché en plein vol, alla se planter dans un buisson...
Un peu plus tard, elle avait allumé le feu à l'aide d'un morceau d'amadou, et le poisson, vidé et apprêté, grillait sur la fourche d'une branche morte au-dessus des flammes. Avec un air pensif, Anyasha attendait que son repas soit prêt.
En fait, c'est bien qu'il soit revenu. J'aurais aimé manifester ma joie à quelqu'un, mais mon père n'est pas un exemple de bon interlocuteur, et Koruguane et Alastor... hem... je me demande comment ils réagiraient si un jour je leur apprenais que mon ami est... un criminel, autant dire ce qui est... à vrai dire, je pense pas que je le leur dirais. C'ets mon secret, oui.
Elle soupira, en tassant les braises enflammées du bout d'un bâton.
D'ailleurs, en y pensant, j'aurais aimé partager ce repas avec quelqu'un. Dommage que ni Alastor ni Koruguane ne soit dans le coin... Bon. Tant pis. Une autre fois, peut-être...
Le poisson fut enfin prêt, et elle le mangea tranquillement, sans se presser, avant de se lever et de déverser des poignées de terre et de caillou sur le reste de son feu pour l'éteindre. Puis elle retourna au village, pensant cette fois à l'examen...